Nouvel extrait d’Adrien Poche – Un meurtre sans étiquette

Découvrez sans plus tarder un extrait inédit d’Adrien Poche – Un meurtre sans étiquette (p.20-23)

Il était l’heure pour Adrien Poche d’affronter une situation plus désagréable que les railleries de ses collègues : se rendre sur la scène de crime, l’étudier et bien sûr, voir la mort en face.

Il fit signe aux policiers postés devant la boutique de soulever les scellés. Il ouvrit la porte et la petite clochette teinta gaiement. Puis, le silence. Les vêtements colorés, les piles soigneusement pliées ou les publicités à destination des enfants auraient pu faire se sentir Adrien dans un doux magasin mais c’était comme si le temps n’existait plus. Mélanie avait sûrement fait tomber le petit bac à chaussettes qui se trouvait renversé à gauche de l’entrée lorsqu’elle s’était précipitée dehors. Peut-être était-elle même sortie en appelant la police car le socle du téléphone demeurait seul sans sa moitié. Et ces pièces de monnaie au sol ? Une cliente les avait-elle lâchées en sursautant aux cris de Mélanie ? Une paire de chaussures l’arrêta dans son questionnement. Ses yeux avaient fait le tour de la pièce mais, au fond, ils étaient là. Des escarpins noirs, simples mais élégants. Confortables ? Cela n’avait plus d’importance pour leur propriétaire qui pendait, immobile et dont les pieds bien chaussés apparaissaient en haut de la porte.

Sans les quitter des yeux, Adrien s’avança vers eux. Il enjamba les vêtements au sol mais ne clignait pas des yeux. L’année dernière, alors qu’il logeait dans un hôtel en Californie, une femme avait été assassinée dans la chambre voisine. Un bout de la robe de la victime était resté coincé dans la porte de sa chambre. Adrien l’avait remarqué et apprit plus tard que la pauvre gisait encore dedans. Mais rien, non rien ne l’avait encore jamais autant glacé que ces escarpins au bout des pieds de cette femme pendue. Adrien Poche poussa un peu plus la porte de la réserve et l’horreur se répandit dans tous ses membres. Sans encore voir le visage de la victime, c’était ses bras bleus et ballants qui longeaient sa jupe de tailleur. Le coup de grâce fut porté par les yeux exorbités, d’un noir exagéré qui regardaient Poche. Elle semblait demander la même chose que Lebrun : « Faites-moi descendre ! ».

Poche fit demi-tour, autorisa le légiste à emmener le corps et la police scientifique à prendre tous les clichés possible qu’il faudrait lui faire parvenir rapidement.

« Ça va Poche ?
– Adjudant, vous êtes entré la dedans ?
– Ouais, c’est pas beau à voir.
– Pas beau ? Je n’ai jamais rien vu d’aussi épouvantable ! Perchée la haut, elle m’a terrifié !
– Ah bon ? Mais ce n’est pas vous qui avez failli être découpé en rondelles par un faux médecin légiste en Californie ?»

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